07.12.2016

En une année, le nombre de trentenaires en absence pour maladie de longue durée a augmenté de 20 %. Il serait même question d'un doublement du nombre de cas par rapport à la situation d'il y a cinq ans. Ce phénomène découlerait notamment de l'explosion du nombre de burnouts. Cette évolution préoccupante a été révélée par les chiffres de Securex, spécialiste des ressources humaines.

Les chiffres de Securex

Au premier semestre 2016, on comptait chaque jour, dans une entreprise belge moyenne, sept travailleurs sur cent en maladie. Sur ces sept travailleurs en maladie, trois étaient absents depuis plus d'un an, deux depuis plus d'un mois mais moins d'un an et deux depuis moins d'un mois. L'un dans l'autre, cela fait 7 % de malades en plus que l'année précédente.

Cette forte hausse peut être intégralement attribuée à l'augmentation du nombre de malades en absence de longue durée car on observe une stagnation du nombre de personnes malades moins d'un an.

Le nombre d'absents de longue durée a augmenté de 11 % entre le premier semestre de 2015 et le premier semestre de cette année. De ce fait, à la fin de cette année, notre pays comptera peut-être, pour la première fois, plus de 400 000 malades de longue durée. Cela représente un défi de taille pour les caisses de l'État. En effet, les dépenses en matière de maladie finissent par dépasser celles du chômage.

Il est frappant de constater que l'augmentation du nombre de malades de longue durée se produit essentiellement chez les jeunes travailleurs. On a enregistré, sur un an, une hausse de 21 % du nombre de 30-34 ans absents depuis plus d'un an. En ce qui concerne la catégorie d'âge supérieure, les 35-39 ans, cette hausse est de 18 %.

Davantage de stress chez les trentenaires et les quadragénaires

Le nombre de trentenaires et de quadragénaires en absence pour maladie de longue durée a doublé en cinq ans. Il est plus que probable que ce phénomène résulte d'une augmentation des plaintes pour stress, débouchant de plus en plus sur des absences pour épuisement professionnel (burnout) et dépression. Des études précédentes ont montré que de plus en plus de travailleurs étaient confrontés au stress de façon chronique.

Un mauvais équilibre entre vie professionnelle et vie privée en est probablement à l'origine. Les 30-40 ans sont souvent confrontés à différents défis simultanément. C'est l'âge auquel beaucoup obtiennent une promotion au travail, laquelle s'accompagne d'une augmentation de la pression du travail. C'est aussi souvent l'âge auquel on a des enfants et on construit une maison. Si l'on y ajoute une vie sociale trépidante, on obtient une pression considérable à laquelle beaucoup ne résistent pas.

Prépension

Malgré une forte hausse, le groupe total des 30-40 ans absents pour maladie de longue durée reste cependant moins important que celui des plus de 50 ans. Chez les 30-34 ans, environ un travailleur sur cent est absent pour maladie. À titre de comparaison: chez les 50-54 ans, cette proportion monte à cinq sur cent et chez les 60-64 ans, elle s'élève, au mieux, à dix-sept sur cent. Toutefois, le nombre de travailleurs en maladie de longue durée dans ces catégories d'âge augmente moins rapidement que chez les jeunes.

Pour expliquer le nombre élevé de travailleurs âgés en maladie de longue durée, Heidi Verlinden (Securex) pointe la suppression progressive de la prépension, ainsi que les autres mesures visant à garder les gens au travail plus longtemps. Les travailleurs qui, autrefois, se réfugiaient dans ce type de régime, ne disposent bien souvent plus de cette possibilité, et se retrouvent avec des indemnités de maladie.

Mesures pour accompagner le retour au travail

Le gouvernement fédéral s'efforce d'endiguer la forte croissance du nombre de malades de longue durée en proposant un accompagnement pour leur retour au travail. Le 1er décembre 2016, les programmes de réintégration de la ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Maggie De Block, et du ministre de l'Emploi, Kris Peeters, sont entrés en vigueur. Avec l'assistance d'un médecin, les travailleurs et chômeurs en maladie de longue durée vont examiner quelle fonction ils peuvent encore exercer et de quel accompagnement ils ont besoin pour ce faire.

Dès le milieu de l'année prochaine, il sera également plus facile pour les malades de longue durée de revenir travailler à temps partiel. S'ils recommencent à travailler un jour par semaine, ils peuvent même conserver leur indemnité de maladie. Celle-ci diminue au fur et à mesure de l'allongement de leur durée de travail. Cette mesure a essentiellement pour objectif de permettre aux travailleurs en burnout de reprendre le travail à leur propre rythme.

(Source: Heidi Verlinden (Securex) & Jasper D'hoore, De Tijd, 1er décembre 2016, page 5)