Un label 'Hu-Man’ pour garantir que l'entreprise se soucie du facteur humain

Les cas de stress ou de burn-out se multiplient dans les sociétés. L'heure est venue d'encourager celles-ci à humaniser davantage les relations de travail. Le nouveau label Hu-Man peut les y aider.

Un collègue d’Aurélien Herquel meurt du stress et de la forte pression lors d’une restructuration de l’entreprise. Pour lui, cela a été le déclencheur d'une vaste réflexion sur la déshumanisation du travail. La vague de suicides qui a frappé de grandes entreprises l'a conforté dans son diagnostic.

"On entre dans l'ère du post-capitalisme", expose-t-il. "Pour survivre à terme, le capitalisme devra injecter une dose d'humanisme dans son mode de fonctionnement. Les grandes entreprises devront resserrer les liens entre leur management et leurs employés, sinon elles courent à la catastrophe."

12% de gain de productivité

Il ne s'agit pas que d'un simple constat. Une étude téléguidée par l'université de Warwick a montré qu'il y a un lien direct entre le bien-être au travail et la productivité. Quand l'entreprise se soucie de l'épanouissement de ses collaborateurs, la productivité croît de 10 à 12%.

Comment faire pour encourager les employeurs à y veiller? La solution: créer un label garantissant que le bénéficiaire applique ces principes et confier son octroi à une agence indépendante, qui évaluera que les prétendantes honorent bien ceux-ci.

Aux Etats-Unis, deux labels ont ainsi vu le jour: "Great Place To Work" et "Be Corp". Aux yeux d'Aurélien Herquel, ils ne donnent pas entière satisfaction. "Des sociétés ayant obtenu le label affichent toujours des taux d'absentéisme et de burn-out conséquents", observe-t-il. La raison tient, selon lui, au mode d'évaluation: ces organismes se contentent de demander aux sociétés candidates de remplir un questionnaire.

Il faut aller plus loin, selon lui. L'homme a planché sur le sujet durant plusieurs années, avant d'aboutir à la rédaction de dix principes, basés sur trois piliers: la cohésion sociale, l'égalité entre genres et l'inclusion. Un des principes est que le conseil d'administration de l'entreprise doit compter au moins 20% de personnes du sexe opposé. Un autre prévoit la parité salariale absolue entre hommes et femmes.

Passant de la parole aux actes, il vient de fonder une ASBL en Belgique, baptisée Hu-Man. Celle-ci décernera un label attestant que la société bénéficiaire offre une véritable relation humaine entre direction et employés.

L'entreprise candidate devra mettre en œuvre en son sein les dix principes, après quoi un expert indépendant de l'ASBL viendra auditer les efforts entrepris: s'il juge les dix principes appliqués, Hu-Man décernera le label à la société pour une période de deux ans, renouvelable. Si non, celle-ci aura deux nouvelles années pour tenter d'y arriver.

Pour l'heure, Aurélien Herquel déploie ses efforts tous azimuts pour informer les décideurs, les politiques et les chefs d'entreprise du lancement de son projet. À l'échelle de la Belgique pour commencer, puis de la France et de l'Europe. D'ici un an, son projet doit entrer en phase opérationnelle.

"Nous sommes entrés dans un nouveau mode de penser qui va impacter de manière durable l'économie", souligne-t-il. "L'opportunité de faire du profit existera pour les entreprises qui ne feront qu'un avec leurs employés et qui par conséquent attireront les investisseurs."

(Source: Michel Lauwers, L'Echo, 13 octobre 2016)

Plus d’informations: http://www.hu-man.eu/fr