Comment protéger la santé musculosquelettique des télétravailleurs: quelques exemples pratiques

Ces dernières années, de nombreuses entreprises ont mis en place des mesures de prévention des risques pour les télétravailleurs. En Europe, l'approche diffère d’un pays à l’autre, certains s'appuyant principalement sur la législation pour réglementer le télétravail et promouvoir l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, tandis que d'autres mettent l’accent sur la négociation collective.

Le présent article examine les différentes manières dont les entreprises et les secteurs abordent le télétravail et comment ces approches ont vu le jour.

Droit à la déconnexion et équilibre sain entre travail et vie privée

Le droit à la déconnexion peut être défini comme "le droit des travailleurs d'éteindre leurs appareils technologiques après le travail, sans avoir à subir les conséquences de l'absence de réponse aux courriers électroniques, aux appels téléphoniques ou aux SMS".

Les diverses technologies modernes permettant aux employeurs de joindre leurs travailleurs à tout moment et en tout lieu, il est important d'établir ce droit à la déconnexion. Durant la pandémie, le fait de travailler depuis la maison a aggravé ce problème pour de nombreux travailleurs. Les travailleurs qui ressentent du stress éprouvent des difficultés à dormir et ne parviennent bien souvent pas à déconnecter du travail en fin de journée.

Déconnecter et trouver un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée est important, car cela permet de réduire le stress et le risque de troubles musculosquelettiques (TMS). Prester de longues journées contribue à un mode de vie sédentaire et augmente le temps que les travailleurs passent en position statique, ce qui a un impact négatif sur la santé.

Ces dernières années, dans toute l’Europe, des accords ont été conclus en matière de droit à la déconnexion, aux niveaux tant sectoriel que des entreprises.

Après que le gouvernement espagnol et les partenaires sociaux ont approuvé le décret royal 28/2020 régissant le travail à distance, un accord sectoriel sur le droit à la déconnexion a été conclu dans le secteur bancaire espagnol en 2020. Cet accord entrera en vigueur fin 2023. L'accord réglemente le droit du travailleur à la déconnexion à la fin de la journée de travail et prescrit la déconnexion obligatoire entre 19h00 et 08h00.

Le secteur bancaire espagnol constitue un bon exemple d'accord global et sectoriel obtenu par la négociation collective. Outre le droit à la déconnexion, l’accord contient des mesures relatives au matériel ergonomique. Par exemple, l'entreprise doit s'engager à fournir à chaque travailleur prestant plus de 30% du temps à domicile un ordinateur, un téléphone portable et une chaise ergonomique. Les travailleurs reçoivent également un budget supplémentaire pour couvrir des frais généraux et le matériel qui n'est pas fourni par l'entreprise.

L’entreprise Volkswagen (Allemagne) fournit un bon exemple d'accord sur le droit à la déconnexion au niveau de l'entreprise. La direction et les représentants des travailleurs sont parvenus à un accord au sein du conseil d'entreprise. L'accord prévoit une déconnexion entre le serveur et les smartphones des travailleurs entre 18h15 et 7h (sauf pour les managers et les techniciens en chef, qui peuvent utiliser leurs smartphones à tout moment, sauf pour des projets spécifiques). Les enquêtes révèlent une grande satisfaction et des niveaux de stress réduits parmi les travailleurs couverts par cette convention collective.

Citons encore l’exemple de la convention sur le droit à la déconnexion conclue au niveau de l’entreprise dans l’usine sidérurgique italienne Acciai Speciali Terny, dans laquelle les heures de télétravail ont été fixées de 08:00 à 20:00 avec une pause de midi de 12:30 à 14:00.

Accords relatifs au matériel ergonomique pour les télétravailleurs

Équiper les télétravailleurs de mobilier ergonomique et de matériel informatique peut aider à réduire les risques de développer des TMS. En France, l’entreprise de télécom Orange a ainsi signé une convention de télétravail soutenue par quatre syndicats. L'accord comprenait des mesures sur l'ergonomie, l'isolation, l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée et l'organisation du travail. L'entreprise a également pris ses responsabilités en ce qui concerne le poste de travail à domicile et prévu un ordinateur portable, la réparation éventuelle des équipements défectueux et une assurance supplémentaire. Elle a également prévu 150 euros par travailleur afin de couvrir d’autres frais.

En Italie, la banque Credito Cooperativo (BCC) a établi en septembre 2020 une convention d’entreprise, s’appliquant aux 77 implantations et aux 11 000 travailleurs du groupe BCC. La convention stipule, entre autres, que l'entreprise doit fournir à ses travailleurs tous les équipements de télétravail nécessaires et qu'elle est responsable des coûts, de l'entretien et des éventuels vols ou pertes.

Les équipements ergonomiques adaptés aux besoins individuels des télétravailleurs sont d'une grande importance pour garantir que ces travailleurs ne courent pas un risque accru de développer ou d'aggraver des TMS.

Que pouvez-vous faire en tant qu’employeur?

Il est vrai qu'il existe encore de nombreux défis et questions concernant l'avenir du télétravail, la prévention des risques et les meilleures pratiques. Néanmoins, il existe de bons conseils pour les employeurs sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas à l’heure actuelle.

Plus d'informations

(Source: Healthy Workplaces Campaign News – mars 2022: Best practice case studies: how to protect teleworkers’ musculoskeletal health)